membre Date d'inscription : 13/03/2016 Messages : 232 |
RUN, RUN, BECAUSE I KNOW YOUR SECRET En retard, en retard, toujours en retard, jamais à l'heure. Elle allait sûrement le flinguer, Vi. Elle allait sûrement lui lancer son regard lourd de sous-entendus qui avait le don de lui glacer son liquide sanguin et de presque lui flanquer la trouille. Elle avait beau le connaître depuis des années maintenant, elle n'avait toujours pas réussi à le rendre ponctuel, il était un éternel retardataire. Retardataire dans tous les domaines de sa piètre existence, aussi bien professionnel que sentimental. Un vrai handicapé social qui n'arrivait toujours pas à reprendre sa vie dans ses putains de mains trop petites pour assumer toutes les conneries qu'il avait pu faire ces dernières années. Tableau bien misérable, un aller-retour en prison, une relation amoureuse épineuse tombée dans les Enfers, une situation familiale déplorable où chaque lien menaçait d'exploser à la Hiroshima, et en prime un pseudo boulot lui servant de réinsertion qui lui pourrissait plus la vie qu'autre chose pour récolter un salaire superflu. Brouillard de désespoir, il a bien envie de se jeter par la fenêtre du dernier étage pour mettre un terme à toutes ses emmerdes, mais. Mais il y a trop de nuances colorées qui le maintiennent hors de l'eau, qui lui rappellent que sa vie n'est pas qu'un thriller terrifiant, et parmi ces plus belles nuances il peut compter sur Vi. Vi, son bourreau attendrissant, celle qui peut aussi bien lui dire d'aller se faire foutre que lui dire qu'elle l'aime. Vi et Lenzo, la relation en montagnes russes dignes des plus grands parcs d'attraction, celle qui fait froid dans le dos mais qui réchauffe les coeurs. Vittoria ou sa deuxième conscience, celle qui vient substituer la raison qui n'existe presque plus chez lui. Et qu'est-ce qu'il ferait sans elle? Sûrement pas grand chose, mais il s'en garde bien de lui balancer, ça lui ferait bien trop plaisir à la brune, il préfère s'en jouer que de lui dire qu'il serait perdue sans elle, la sincérité entre les lèvres fendues.
Les lacets lacés à la Giaonetti – une boucle aussi bien faîte qu'un CE2 – et la veste en jean finement mise en place, il s'aventure dans les rues froides de D.C. Les pieds claquant sur le sol rugueux, il lance des signes à certains de ses ex-acolytes (la gueule déjà fendue par l'alcool) de la rue qui avaient l'habitude de le quémander comme dealer. Toujours les mêmes, planqués à l'abris des regards se faisant un rail de coc' à à peine 21h au compteur. Il étire son sourire quand il croise le regard vide de vivacité d'une blonde au fond d'une ruelle. Il se l'est tapée celle-là, un tellement mauvais coup que son rictus se transforma en grimace discrète. Il poussa la porte marbrée et laissa la chaleur du bar le réchauffer. Il glisse son regard sur le reste de la pièce déjà rempli et se dirige vers la brune qu'il reconnaîtrait entre mille. Il se positionne derrière et pose ses mains froides sur ses yeux ambrés. « Devine qui c'est. » Il sort son sourire blancheur extrême et attends quelques secondes avant de poursuivre. « Il paraît que c'est quelqu'un que t'aimes bien, même si ce quelqu'un n'est jamais à l'heure. » Il ôte ses mains et s'assoit sur la chaise en face d'elle, emmêlant ses doigts dans ceux déjà posés sur la table. « Comment ça va? » |
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