Je veux pas me la péter mais je construis des jouets Kinder sans la notice - (Pearl)

un ange tombé du ciel.
Rosie regardait sa fille avec un brin de nostalgie, elle grandissait tellement vite…  Elle ne pouvait s’empêcher de repenser à ce jour où, la main tremblante, son regard s’était posé sur le test de grossesse qu’elle avait mis si longtemps à acheter, de peur de connaître le résultat. Appelez cela l’instinct maternel si vous le voulez mais même si elle préférait le nier, elle se doutait que sa vie prendrait se tournant depuis des semaines déjà, elle ne sentait au plus profond d’elle-même. Jeune adolescente propulsée au rang de « maman », elle avait eu tant de mal à y croire. Désemparée, pensant que tout ceci n’était qu’un étrange rêve, elle et le papa n’avaient pu se résigner à renoncer à cet enfant qui était arrivé au moment où personne ne s’y attendait. Tout était passé si vite et voilà que Pearl grandissait à vue d’œil, elle grandissait en même temps que deux parents qui avaient parfois de grandes difficultés à différencier l’éducation du jeu, des parents qui avaient parfois du mal à hausser le ton devant cette petite bouille de poupée qu’était leur petite fille, la chaire de leur chair. Un ange tombé du ciel, un bébé qu’on n’attendait pas, une famille qui se construisait peu à peu et deux enfants qui devenaient adultes, voilà le nombre de bouleversements que la venue au monde de ce si petit être avait créé. Les jeunes parents n’avaient jamais regretté ce choix, à-vrai-dire, ils ne s’étaient jamais réellement demandé s’ils avaient fait le bon, loin d’être un caprice de gamins, Pearl restait bel et bien une décision prise sur un coup de tête certes, mais une décision que les deux adolescents n’avaient jamais remis en cause. Une innocence gardée au fil de ses trois petites années de vie, Pearl était une enfant plutôt sage et vive qui croquait la vie à pleine dents et ne se posait aucune question. L’enfance était très certainement le passage le plus beau à vivre dans la vie d’une personne et elle avait appris à en profiter, à profiter de chaque instant passé avec ceux qu’elle aimait, malgré tout, elle restait une enfant heureuse qui ne manquait de rien, ou presque… «  Maman ? » Assise sur le tapis du salon en train de jouer avec ses poupées, elle se tournait vers la jeune femme qui mettait la table en attendant l’arrivée de son futur époux. « Oui ma chérie ? » Rosie s’était arrêtée dans son mouvement pour regarder sa petite blondinette, le sourire aux lèvres, malgré toutes les difficultés de la vie, elle était très fière de sa fille et rien n’aurait pu changer cela. Pearl se leva et, attendant que sa maman se mette à sa hauteur, elle la serra fortement de ses petits bras fins. « Je t’aime maman… » Le sourire de la jeune adulte s’agrandit alors qu’elle serrait sa petite fille dans les bras puis lui déposait un baiser sur le front. « Moi aussi je t’aime ma puce… »  

une pesante absence.
« Maman maman ! J’ai compté à l’école, dans deux dodos ce sera mon anniversaire ! » Alors qu’elle allait fêter ses cinq ans, Pearl le tenait plus en place depuis des semaines déjà, comme tous les enfants, elle attendait cet événement avec impatience tous les ans et comptait bien en profiter un maximum. « Dis, je vais avoir quoi comme cadeaux ? Papa il viendra hein oui ? » Rosie parut soudainement mal à l’aise, Hardin était de moins en moins présent à la maison et elle ne pouvait que constater, impuissante, que sa fille en souffrait davantage tous les jours. Que pouvait-elle faire pour la rassurer pour lui expliquer que tout allait bientôt s’arranger alors qu’elle ne le croyait pas elle-même ? Elle posa son regard sur sa fille, lui adressant un sourire quelque peu forcé puis lui répondit : « Il fera de son mieux pour être présent, j’en suis certaine… » Pearl tourna la tête, soudainement silencieuse, elle avait envie d’y croire mais du haut de ses cinq ans tout juste, elle savait très bien que même si parfois on veut croire à quelque chose dur comme fer, cela ne changera rien et que si son père ne devait pas être là, elle aurait beau faire tout ce qu’elle voulait, il ne se libérerait pas pour autant. « S’il ne vient pas mon anniversaire sera nul de toute façon… » Puis elle repartit dans sa chambre, l’air soudainement morose mais gardant tout de même un infime espoir que ses craintes n’étaient pas justifiées. Deux jours plus tard, la demoiselle fêtait ses cinq ans, une ribambelle d’enfants courrait dans toutes les pièces et la jeune enfant sautillait de joie dans son costume de princesse. Elle n’avait pas pour autant oublié l’absence de son père, non loin de là, mais elle ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’il allait finir par arriver, cela aurait été sa plus belle surprise. « Venez tous ici, on va manger le gâteau ! » La jeune blondinette arriva en courant, plus qu’enthousiaste lorsque quelqu’un sonna à la porte. Immédiatement, elle courut ouvrir. « C’est papa j’en suis sûre, je savais qu’il viendrait, je le sa… » Ouvrant la porte à la volée, elle s’arrêta net. « C’est toi la petite Pearl ? J’ai un super cadeau à te livrer pour ton anniversaire, de la part de ton papa ! » Sans prendre la peine de regarder le gros colis qui se tenait devant elle, elle partit dans la direction opposée. « Je m’en fiche de son cadeau, c’est le pire anniversaire de ma vie ! » Avant de partir dans sa chambre en larmes tout en claquant la porte derrière elle, laissant ses petits invités incrédules. Aussi loin que ses souvenirs remontaient, plus les années étaient passées et plus elle avait souffert de l’absence de son père, laissant se creuser en elle un grand sentiment d’amertume envers celui qu’elle aimait tant. Il était tout pour elle, un exemple (par toujours très bon mais passons), un chevalier en armure, tout mais pas le père qu’elle aurait voulu avoir.

un changement passé inaperçu.
Ah les débuts de l’adolescence, cette belle période où les hormones des jeunes sont en ébullition, où le conflit avec les parents se trouve de plus en plus prononcé et où le corps se retrouve tout chamboulé. Pearl passait peu à peu de l’enfance à l’âge adulte même si son joli minois de bébé n’avait pas beaucoup changé, malgré tout, elle grandissait et son caractère s’affirmait davantage. Il était aux alentours de 22h et la jeune fille n’était pas couchée malgré le fait qu’une longue journée de cours l’attendait le lendemain. Elle n’avait jamais été fan des études, rester assise sur une chaise à écouter les longs discours soporifiques de ses professeurs, cela n’avait jamais été son truc et si elle se pointait en cours, c’était parce qu’elle en était obligée et rien d’autre. Son avenir ? Il lui paraissait bien trop loin pour qu’elle s’en soucie réellement et elle préférait se contenter du strict minimum plutôt que de chercher à réussir ses études avec brio. Assise sur son lit, son portable dans les mains et son ordinateur encore allumé, elle était quelque peu songeuse lorsque des cris la firent sortir de sa rêverie. Elle baissa la musique qui résonnait dans sa chambre d’adolescente et entrouvrit sa porte, glissant discrètement son oreille dans l’entrebâillement de cette dernière. « Bon sang Hardin, je peux savoir où tu étais encore ces derniers jours ? Plus le temps passe et plus j’ai l’impression de passer mes journées à attendre que tu daignes me donner de tes nouvelles ! Même pas un message rien, je me suis retrouvée face à ton répondeur tout le week-end ! » La voix de sa mère résonnait jusqu’à la chambre de la demoiselle. Il était courant que Pearl soit témoin de ce genre de scènes et malheureusement, elle les supportait de moins en moins. « Mais chérie je te l’ai répété cent fois, je suis parti pour le boulot et j’ai eu un problème de batterie, sinon je t’aurais appelé crois-moi ! » « Et ta fille ? Tu as pensé à ta fille ? Elle ne cesse de te réclamer, elle grandit Hardin et tu ne passes quasiment pas de temps avec elle, tu vas le regretter plus tard ! » « Pearl est une adolescente à présent, elle a bien plus besoin de tranquillité que d’avoir ses parents sur le dos crois-moi ! » Cette fois, c’en était trop pour la demoiselle, elle en avait marre de vivre dans cette perpétuelle tension, marre d’être au cœur de discussions sans avoir la possibilité d’y participer, marre que ses parents qui ne se voyaient que trop rarement se prennent le bec aussi souvent. Elle enfila ses vêtements, sa veste, glissa son téléphone dans sa poche et descendit dans l’entrée. La dispute cessa alors et Hardin rejoint sa fille qui était sur le point de passer la porte. « Tu vas où Pearl ? » La demoiselle haussa les épaules. « Faire un tour… » « A cette heure ? Pearl, tu as cours demain… » Elle esquissa un sourire exaspéré puis lui répondit, au tac au tac. « Et toi alors, t’étais où ce week-end ? » Hardin resta silencieux un instant. « Bonne soirée. » La jeune adolescente passa alors la porte sans avoir à se justifier davantage, une fois de plus… Elle était en colère et aurait presque préféré que son père la retienne davantage, après tout ce n’était qu’une gamine inconsciente… Mais c’était peine perdue… Ce soir-là, elle ne rentra pas avant minuit et n’eut même pas droit à un sermon en rentrant, elle partit simplement se coucher, comme si la situation était des plus banales, puis elle ne ferma pas l’œil de la nuit, pour ne pas changer…

le perpétuel recommencement.
Cinq heures du matin, Pearl était allongée dans le canapé, encore habillée de la veille, les cheveux ébouriffés et le regard dans le vague. Elle avait dû s’assoupir pendant la nuit, enfin peut-être, toujours est-il qu’elle était on ne peut plus perturbée. La soirée de la veille avait été éprouvante, énième dispute entre ses parents, elle avait passé des heures à réconforter sa mère qui avait fini par tomber de sommeil. Beaucoup de sentiments bien différents s’étaient mélangés en elle au cours de cette nuit et elle avait passé de longues heures à réfléchir, face à elle-même, face à son destin. Elle était triste, totalement désemparée, elle était en colère aussi, en colère de devoir supporter cette vie qui aurait pu être tellement différente. Avoir une famille « normale », voilà ce qu’elle aurait souhaité plus que tout, ce n’était pas grand-chose pourtant, mais elle n’y avait jamais eu droit. Une mère souriante et épanouie, un père qui rentrerait du boulot tous les soirs et lui déposerait un baiser sur le front tout en lui demandant comment s’était passé sa journée au lycée et des limites, voilà ce qu’elle aurait voulu. Quitte à rentrer trop tard et à voir ses parents à moitié endormis comme elle l’était à cet instant, des parents qui auraient veillés toute la nuit de peur qui ne lui arrive quelque chose et qui l’aurait réprimandé comme jamais en la traitant de gamine inconsciente puis en la privant de sortie, pendant des mois même s’il le fallait, peu importe, il lui aurait toujours resté cette gentille vie de famille pour compenser sa punition. La demoiselle soupira longuement puis elle se redressa dans le canapé lorsqu’elle entendit une clé rentrer dans la serrure de la porte d’entrée. Elle se leva et rejoignit son père, les bras croisés et l’air sévère alors qu’il pénétrait dans la maison. « Qu’est-ce que tu fais encore debout ? » Pearl le regardait sans sourciller, prenant sur elle pour calmer ses nerfs. « Maman a pleuré une bonne partie de la nuit, je t’ai attendu… » Hardin haussa les épaules comme s’il s’agissait d’une conversation des plus normales. « Tu aurais dû aller te coucher, c’est pas ton rôle de… » La demoiselle lui coupa immédiatement la parole. « Réconforter maman après une énième dispute ou t’attendre soucieuse toute la nuit ? Oui c’est pas faux, ça c’est plutôt ton rôle à la base… » « Ecoute Pearl, ça arrive de se disputer, pas la peine de se mettre dans des états pareils… » La jeune fille bouillonnait intérieurement. « Non pas la peine bien sûr ! Et j’aurais dû faire quoi ? La laisser pleurer toute la nuit ? Me lever tranquillement le matin la bouche en cœur, l’air de rien ? Faire semblant de ne rien entendre, une fois de plus ? J’aurais dû faire quoi hein, dis-moi ? » Elle poussa un soupir avant de reprendre : « Tu sais quoi ? Des fois j’ai l’impression que c’est moi l’adulte et vous les gosses ici, j’en ai plus que marre, tout ça c’est pas mon rôle mais désolée, je suis incapable de faire comme si de rien n‘était, ce n’est pas moi ça ! » Il s ‘approcha de sa fille dans une tentative vaine puisque Pearl se recula immédiatement. « J’en ai marre de tout ça, réglez vos affaires une bonne fois pour toute et toi, tente de faire en sorte que maman soit pleinement heureuse, au moins une fois ! » « Pearl, tu n’as pas à te mêler de ça… » « Et pourtant j’y suis mêlée, crois-moi je m’en passerais bien ! Bon, je vais aller me coucher, je te charge d’appeler le lycée pour expliquer pourquoi je ne vais pas en cours ! » « Pearl tu… » Commençant à monter les escaliers elle se retourna soudainement. « Oublie-moi papa, au moins pour aujourd’hui, fais au moins ça pour moi ! Et au fait, tu pues l’alcool… » Puis elle finit alla se réfugier dans sa chambre, ne pouvant réprimer son émotion plus longtemps puisque quelques larmes commençaient déjà et serpenter le long de ses joues.

la mauvaise pente.
Des fréquentations pas toujours très bonnes, une liberté qui s’était encore accrue avec le temps, Pearl faisait tout ce qu’elle voulait quand elle le voulait. A penser que lui donner sa liberté était une bonne chose, ses parents s’étaient radicalement plantés et la demoiselle en payait les conséquences. A traîner les rues tard le soir, seule, elle avait fini par se faire des amis, des amis attirés par le monde de la nuit, un monde insoupçonné jusqu’alors mais qu’elle avait fini par découvrir malgré elle. Depuis quelques temps, il était courant qu’elle sorte faire la fête, buvant parfois plus que de raison et rentrant à des heures impossibles. Pour elle, c’était un moyen de se vider de la tête, de penser à autre chose, de profiter de cette liberté qu’elle avait acquis trop tôt. Une fois de plus, une fois de trop sans doute, elle avait enfilé une mini-jupe, bien trop provocante, qui contrastait totalement avec sa bouille d’enfant, une petite veste puis elle avait rejoint ses amis, avec qui elle comptait passer une nuit de folie. Un verre après l’autre, le regard des hommes qui attendent de la voir ivre morte, un rire qui résonnait dans toute la salle, rire d’une jeune fille qui avait déjà perdu le contrôle d’elle-même depuis un moment déjà. « Hey Pearl, tu viens te taper une trace ? » Cela faisait quelques temps que la demoiselle était partie à la dérive à un point de non-retour, elle avait touché à la drogue, on lui avait proposé d’essayer et, portée par cette envie d’aller toujours plus loin, cette sorte de vengeance qu’elle nourrissait envers ses parents, elle avait tenté une fois, deux fois, trois fois… Et puis, à présent au moins, on ne la prenait pas pour la gamine de la bande qui veut se donner un genre, non, elle faisait à présent vraiment parti des leurs. La tête qui tourne, l’euphorie s’emparant de plus en plus d’elle, une voix forte attira son attention, celle de son père, qu’elle ne reconnut pas tout de suite. « Pearl, qu’est-ce que tu fiches ici ? » La jeune fille ricana, prenant cette altercation à la légère, au fait elle ne savait même pas si celle-ci était bien réelle vu l’état dans lequel elle s’était mis. Tout à coup, elle sentait qu’on l’attrapait par le bras, elle tourna la tête vers son paternel jusqu’à ce qu’un de ses amis ne s’interpose. « Hey papy, tu lui fous la paix à la gamine ? Elle est avec nous ! » Hardin se tourna vers le jeune homme et lui colla son poing en pleine figure. « C’est ma fille connard ! » Pearl n’avait pas vraiment eu le temps de réagir, elle était complètement désemparée face à la situation ne sachant si elle devait être honteuse face à son père ou lui en vouloir de l’avoir laissée devenir comme ça… Et puis, elle était dans un état second et ne comprenait pas bien ce qui se passait quand elle regardait, incrédule, son père mettre une branlée à tous ses amis de beuverie… Quelques minutes plus tard, on l’empoignait par le bras, direction la maison familiale. Arrivée sur les lieux, la colère prit le dessus sur elle, elle poussa son père de toutes ses minces forces. « Tu me fais mal, lâche moi ! » Il semblait encore plus sur les nerfs que sa fille et c’était peu dire, il ne lui laissa pas le temps de poursuivre et prit aussitôt la parole. « Bon sang mais qu’est-ce que tu fous ma fille ? T’as vu dans quel état tu es ? Ce n’est pas la Pearl que je connais ça, tu devrais avoir honte ! » « Honte de quoi ? D’avoir eu des parents qui s’en fichaient totalement de moi ? Ou d’avoir osé sortir tard le soir alors que j’en avais l’autorisation ? » Hardin attrapa sa fille par les épaules et la regarda, l’air grave. « Tu te rends compte de ce que tu fais ? Il pourrait t’arriver n’importe quoi ? » Pearl laissa échapper un léger rire. « C’est maintenant que tu te réveilles ? C’est maintenant que tu te comprends que tu as une fille ? Mais papa, c’est trop tard ! Trop tard pour jouer les super héros, trop tard pour contrôler ma vie, je suis une adulte maintenant plus une gamine, il fallait te réveiller avant ! » « Pearl, je ne te permets p… » Elle le coupa immédiatement. « Non, ne dis plus rien, je te déteste pour tout ça, je VOUS déteste maman et toi ! » Quelques larmes perlèrent sur ses joues. « Maintenant laisse-moi tranquille, je ne suis pas en état de me prendre la tête avec toi ! » Elle lui balança son sac et sa veste à la figure avant de monter dans sa chambre. « C’est toi qui a fait ce que je suis devenue, n’oublie jamais ça ! » Puis elle claqua la porte à la volée, s’effondrant en larmes sur son lit.