Le corps qui se tend. Le corps qui se tord. L’implosion du cœur au fond du torse alors que la douleur se percute dans la moindre parcelle de chaire. Le mal pour le ronger. Le mal pour le tuer. Le souffle qui se coupe alors que le corps se tourne sur le côté, qu’il s’échoue pour reprend le souffle. C’est vague dans l’esprit, que les souvenirs embrouillés, que les souvenirs embués. Rien qui n’est clair au fond du crâne alors que les murs lui semblent inconnus, que l’odeur d’alcool qui s’échappe des pores de peau, que le marteau qui se percute au fond de la caboche. Le mal au corps. Le cœur au bord des lèvres.
Il se tourne. Les vêtements qui jonchent le sol. Les vêtements luxurieux déchirés. Les souvenirs qui ne reviennent pas, mais la peur qui ronge le ventre. Le souffle qui se percute. Le souffle qui s’emballe, le souffle qui s’échappe. Les yeux qui cherchent. Les réponses qu’il ne trouve pas, qu’il ne veut pas trouver. C’est clair pourtant. Le corps abusé. Le corps violé. Poupée chiffonnée, corps désabusé.
La douleur qui percute et le doute qui se sème dans l’esprit. Un autre pour prendre alors qu’il ne sait pas donner. Que l’argent qu’il sait dépenser, que le cœur fermé et les mots mal placés. Il se tourne sur le dos, les phalanges qui s’emparent des vêtements pour couvrir le cœur marqué de la nuit à moitié oubliée. La drogue dans son verre. L’appartement qu’il ne connait pas. Les murs trop blancs. Les murs qui font lever le cœur.
Le corps se couvre, les pas s’emporte et la sortie qu’il trouve pour laisser filer entre les lèvres l’amertume, le dégout qu’il dégueule. La paume contre le bitume froid, les tripes qu’il vide au sol, l’acide qui brule la gorge pour se vider de la crasse, pour se vider des souvenirs qu’il préfère oublier.
Rentrer. Foutre le camp.
Corps violé. Corps souillé.
(-)(-)(-)
«
Pourquoi tu restes pas?» Il prend. Le voleur qui part, qui ne donne rien. Le regard qui se tourne et se pose pour lui. Les hommes qu’il aime. Trop. Les qu’il déteste à cause des images marquées au crâne. Souvenirs amers pour le changer. Le souffle qui file entre les lèvres et les doigts qui s’attardent à fermer la chemise aux couleurs vives.
«
J’ai pas que ça à faire.» Pas la tendresse. Pas l’amour. Il ne sait pas donner. Que les corps bafoués, que les corps brisés. Il ne sait plus les semaines pour le lier, pour le faire se retrouver entre les draps de l’amant convoité. Bête désabusée. Fou relâché. Connard. Il soupire. L’amant. Il soupire en voyant le comportement. Quelque chose derrière, les masques qu’il crève de faire tomber, vacillant entre la haine et cette attirance qui ronge, qui bouffe, qui crève. Ça ne s’explique pas. Ça consume. Ça rend fou. Lui l’artiste et Ozren qui l’envie. Lui et la vie. Lui et les passions. Ozren qui ne suit rien, qui ne comprend rien. «
Pas obligé de partir à chaque fois comme le dernier des connards.» Qu’il reste un peu. La tendresse à offrir. La tendresse à donner, mais Ozren, il la fuit cette connasse de tendresse, ça lui fait peur, il ne la connait pas. Ça ne s’apprivoise pas.
Les épaules qui roulent alors qu’il enfile les chaussures. «
J’viens de te dire que j’avais pas que ça à faire, t’es sourd ou quoi?» La haine qu’il déverse, la poison contre la langue, le venin entre les lèvres. Il ne sait faire que ça. Détester.
Rien de plus. La porte qu’il prend. L’amant qu’il fuit. Pas d’attache. Hors de question.