C’est dans le mensonge que la vérité commence. Lancelot.

Bien souvent, le passé d’un homme détermine les moments clés de sa vie, de ses réussites à ses échecs. On dit également que pour réussir, il faut savoir être persévérant mais l’on sait également que bien naître est primordiale. Pour Lancelot, son existence s’apparente bien plus à un enfer sur Terre qu’à toute autre chose. Cela a commencé par sa création : une mère prostituée, un père riche à milliards. Malheureusement pour lui, le conte de fées n’aura jamais lieux. Sa mère met au monde deux enfants, deux jumeaux : Shirley & Lancelot. Harry Evans, son mari et surtout mac accepte les enfants sous son toit mais ne leur apporte aucun amour. Non, ce serait trop beau ! A ses yeux, ils ne sont que des bâtards, des accidents de parcours, des bouches à nourrir insignifiantes. Des boulets. Rapidement, Lancelot connaitra la sensation de n’être qu’un objet, un être que personne ne s’arrache si ce n’est pour le frapper, le rabaisser, le donner en pâture à des hommes totalement ignobles. Sa vie n’était faite que de noirceur où seule sa jumelle savait lui apporter du réconfort. Elle était sa lumière, son unique raison de vivre. Il se rappelait de toutes les fois où il lui soufflait qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peur, que leur vie n’était pas parfaite mais que l’on s’y habituait. Oh comme il mentait mais Lancelot voulait encore y croire malgré la rudesse de son enfance. Malgré les horreurs qu’il devait subir pour payer son loyer. A 8 ans à peine, il n’y avait déjà plus aucune innocence dans son esprit mais juste une envie malsaine de se venger, de mettre fin à la vie de son bourreau.

Les années passèrent et le drame vint toucher à nouveau sa vie, emportant Shirley dans son passage. Le SIDA. Elle s’était battue comme un beau diable contre cette maladie mais faute d’argent, ils n’avaient pu lui payer un traitement adéquate. Harry n’avait pas voulu débourser un seul centime pour une enfant, montrant combien, ils n’étaient que quantité négligeable. Lancelot également avait été diagnostiqué séropositif mais le virus n’était pas actif dans son corps. Une chance ? Non, une malédiction mais au moins, Harry avait cessé de l’approcher, avait cessé de le marchander pour toujours plus dé bénéfice. L’enfant sombrait toujours un peu plus dans la violence, dans ce mal être qui lui collait à la peau. Véritable petit diable, il commettait larcins sur larcins, se bagarrait du haut de ses douze ans avec qui voulait bien l’attaquer. On le comparait souvent à un animal sauvage que rien ne pouvait dompter. Vraiment ? Une petite fille avait réussi pourtant : elle s’appelait Riley. Voisine de pallier, elle avait toujours connu Lancelot et était rapidement devenue sa seule amie. Le petit garçon l’adorait tout comme il aimait la mère de Riley. Une brave femme qui tentait d’offrir à sa fille un meilleur avenir que le sien. Liliane était une véritable mère poule et essayait comme elle pouvait de l’aider de son mieux -après tout comment ne pas avoir pitié d’un petit garçon bien trop maigre pour son âge ?

Les deux enfants ne tardèrent pas à tomber amoureux. Riley était tellement gentille et surtout elle ne le jugeait pas. Elle connaissait tout de lui : de ses rires à ses larmes, de ses tristesses à ses colères les plus dévastatrices. Elle n’avait pas peur de Lancelot, elle l’aimait. A quatorze ans, les choses évoluèrent encore au point qu’ils se voyaient déjà mariés ensemble. Deux adolescents prêts à s’enfuir à l’autre bout du monde pour s’aimer librement. Liliane les trouvait tellement magnifiques ensembles. Elle savait bien que Lancelot était un petit caïd mais quand il regardait sa fille alors on pouvait voir combien son humanité ressortait. Il l’aimait, cela ne faisait aucun doute. Il continua toujours de l’aimer même quand on diagnostiqua un Alzheimer précoce à Riley. La maladie était foudroyante, la privant de ses souvenirs peu à peu. A quinze ans, Lancelot lui demanda de l’épouser, voulant lui offrir le mariage de ses rêves avant que la maladie l’emporte. Elle accepta et avec l’accord de Liliane et de sa mère (qui signa le papier sans se préoccuper plus que cela de son fils), les deux adolescents se marièrent.

Deux ans plus tard, la maladie de Riley devenait ingérable. L’adolescente se perdait, oubliait ce qu’elle faisait en plein après-midi. Combien de fois Lancelot l’avait consolé alors qu’elle pleurait dans ses bras ? Combien de fois lui avait-il assuré qu’il ne la laisserait jamais toute seule. Pour l’aider, il lui avait collé sur tout un pan de mur, l’histoire de sa vie, de leur couple pour que tous les matins, ses souvenirs lui reviennent. Sa femme avait besoin de soin mais ni Liliane (qui avait accepté d’héberger le couple) ni lui, n’avaient les moyens alors, il décida de commettre le casse du siècle… du moins, si vous appelez rentrer dans un gang pour braquer des supérettes comme le casse du siècle. Au cours d’un vol à main armé, un des membres du gang tira sur le propriétaire. Lancelot, malgré tous ses défauts, n’était pas un meurtrier. Il refusa de quitter l’homme gisant à terre, faisant pression sur la blessure pour le maintenir en vie. Il savait qu’il se ferait prendre par la police mais hors de question que Riley ait épousé un assassin.

La police ne tarda pas à arriver et à l’arrêter. L’histoire de sa vie aurait pu s’arrêter là si le Destin ne décida pas à jouer à nouveau les trouble-fêtes. Comment ? A cause ou grâce à l’intervention de son père biologique : un riche homme d’affaires qui n’avait jamais eu d’autres héritiers biologiques que ce fils. Au final, Lancelot écopa de deux ans avec sursis, le juge reconnaissant son acte altruiste envers le propriétaire de la supérette mais aussi son témoignage contre les activités de proxénète de son ex-beau-père. Une nouvelle vie débutait pour lui, pour Riley. Emmet Valerian voulait que son héritier, son fils, le suive à Washington pour faire de lui, le prochain PDG des entreprises Valerian -autant dire que le passage entre la pauvreté et la richesse fut difficile à opérer. Lancelot ne voulait rien entendre, il ne voulait rien de ce père qui débarquait de nulle part pour lui ordonner de faire telle ou telle chose. Il n’avait pas envie d’être à nouveau la marionnette de quelqu’un d’autre. Seulement comme Liliane le souligna, c’était une occasion unique d’offrir à Riley des soins médicaux qu’en temps normal, ils ne pourraient lui offrir. C’est ainsi qu’il accepta, posant ses conditions.

La vie à Washington ne fut pas pourtant aisée : il avait fallu en très peu de temps remettre Lancelot au niveau d’un point de vue scolaire et son père y mit tous les moyens, entrainant son fils dans une spirale de cours et d’exercices. Durant un an, Lancelot crut devenir fou à retenir toutes ses informations, à devenir un élève brillant capable d’entrer à la prestigieuse université d’Harvard. A 18 ans, il fut admis prouvant que tous ses efforts n’étaient pas vains. Toutefois, contre toute attente, ce fut à cette même période que son âme d’artiste se révéla à lui au détour d’une rencontre avec un artiste de grande renommée dont il avait toujours suivi bien malgré lui le parcours. A Chicago, pour aller à son école, il passait tous les jours devant une galerie d’Art où étaient exposés les œuvres de cet homme. C’est ainsi qu’il se mit à peindre, au départ, pour tenter une nouvelle expérience mais peu à peu, la passion prit le dessus. Gem naquit alors et Lancelot débuta une carrière parallèle d’artiste peintre en marge de ses études. A 24 ans, il décrochait un master en économie et relations internationales. Le retour à Washington fut l’occasion pour lui de reprendre le contrôle de sa vie, d’exercer plus librement son Art malgré la réprobation de son père. A 25 ans, Lancelot continue de mener sa double vie même si, contrairement à ses études universitaires, c’est son statut d’héritier qu’il dissimule, préférant être perçu comme un être fantasque mais non dénué d’ambitions. L’homme aime cultiver le mystère. En somme, malgré les années, malgré la richesse, malgré ce nouveau statut d’enfant de. ; Lancelot était resté ce gosse des rues, cet être indomptable. La seule inconnue restait son mariage. Liliane le suppliait de demander le divorce et de retrouver le bonheur dans les bras d’une femme qui ne serait pas malade, de tout recommencer à zéro et de s’offrir un avenir bien plus souriant.