Come to me, just in a dream, Come on and Rescue Me
Shannon & Lemon
"Prends le temps de réfléchir, mais lorsque c'est le moment de passer à l'action, cesse de penser et vas-y" ✻✻✻ La journée avait été encore dure. Depuis que je suis revenue de mission et qu’on m’a installée au poste d’instructeur pour apprendre aux petits nouveaux à piloter, je dois avouer que les journées sont bien plus fatigantes qu’en temps normal. Le plus dure était de faire face à des jeunes qui pensent tout savoir alors qu’ils ne savent et qu’ils continueront d’apprendre encore longtemps. Je ne me rappelle pas avoir été aussi insupportable lorsque, moi-même, j’apprenais à gérer un avion de chasse. Je passe tellement inaperçue la plupart du temps, que mes instructeurs oubliaient souvent ma présence. Mais ce côté de ma personnalité ne m’avait pas empêché d’être dans les meilleurs et d’aujourd’hui de pouvoir partager mes connaissances avec de futurs pilotes. Quand la journée de travail arriva enfin à son terme, j’étais pressée de quitter les lieux. La nuit commençait déjà à tomber. Il faut dire qu’une fois tous les nouveaux partis, j’avais dû ranger une grande partie des salles occupées pendant toute la journée. Une fois le tout terminé, je repris la direction de mon appartement.
Aujourd’hui, encore, je me demande pourquoi je me suis installée dans un quartier jeune. Entre les bars et autres possibilités de sorties, je ne me sens pas toujours à ma place. Après tout, je ne vis pas toute l’année à cet endroit. Et quand j’y vis, je suis heureuse de savoir qu’il y a du monde un peu partout. C’est une façon pour moi de me sentir en sécurité. Marchant dans la rue, j’eus envie de faire une pause pour aller boire un verre avant de rejoindre la solitude de mon appartement. Je ne sors jamais en boîte mais pour boire un verre, j’essaye de faire des efforts. Cependant, il est rare que je m’y rendre seule, sans la présence de personnes qui me sont proches. Je me dois de faire des efforts et d’être un peu plus sociable avec les gens. Je n’aime pas trop boire des bières et j’optai alors pour le bar à cocktail et vins. J’ouvre la porte et soupire un grand coup avant d’entrer et de me diriger vers le bar. J’ai toujours peur que ce soit mal vu de m’amuser alors que mes parents ne sont plus de ce monde. Je m’approchai du bar et commander le cocktail du jour, ignorant ce qu’il pouvait contenir. En attendant ma commande, je balayai la salle du regard et aperçu Shannon à l’autre bout. Elle ne semblait pas dans son état normal, bien qu’elle soit toujours aussi jolie. Je n’ai aucun type de filles ou de mecs mais cette demoiselle fait partie de mes préférences. Cependant, elle est mariée et à un homme. Beaucoup d’obstacles pour m’en rapprocher. Je décidai tout de même d’aller la voir. Surtout vu son état, je voulais savoir si elle allait bien. « Hey ! Qu’est-ce que tu fais ici à boire toute seule ? »
Tu inspires profondément. C'est le verre de trop. Pourtant, tu le bois cul-sec. Tu veux oublier ta journée. Tu veux oublier ce mec que tu as vu mourir sous tes yeux. Tu veux oublier les regards insistants de Romane. Tu veux oublier à quel point tu la trouve incroyablement sexy. Tu veux oublier le baiser que t'as donné Freddie ce matin. Le dégoût qui t'as envahit. Tu as l'impression de suffoquer. Tu n'es plus toi-même. Tu deviens une personne différente et tu ne peux rien y faire. Tu évolues, comme tout le monde. Tu changes. Tu grandis. Tu deviens sans doute plus mature. Alors pourquoi la douleur ne s'en va-t-elle pas ? Un autre verre arrive. Tu l'observes un moment. Les minutes passent. T'as pas l'habitude de boire autant. T'es pourtant sage en temps normal. De toute façon, c'est pas comme si la mucoviscidose te laissait le choix. Tu prends tellement de cachets, parfois tu sais plus où donner de la tête. Alors boire, c'est peut-être pas conseillé. Mais qu'est-ce que ça peut te faire du bien. T'as presque l'impression de revivre. Comme si, pendant quelques minutes, on t'enlevait ce poids qui pèse sur tes épaules depuis des mois. Depuis l'agression. Un bruit sourd derrière toi. Tu sursautes. Tu finis par te retourner, inquiète. Juste des idiots éméchés qui ont fait tomber des verres. Voilà à quoi ressemble ton quotidien. La paranoïa te fait perdre la tête. T'as la tête sous l'eau et tu sais plus comment faire pour t'en sortir. Et peut-être qu'au fond, t'as pas vraiment envie de rejoindre la berge. Tu te confortes dans ta peine. Tu apprécies presque ta douleur. Le bonheur, c'est peut-être pas pour toi. Ton mariage bat de l'aile. Une collègue de travail te fait littéralement perdre la tête. Quand Freddie t'embrasses, tu imagines les lèvres de la jolie rousse. L'étincelle n'est plus là. Mais tu restes avec lui, peut-être parce que t'as été persuadé pendant dix longues années qu'il était l'amour de ta vie. Tu soupires longuement avant de te saisir de ton verre. Une gorgée. Deux gorgées. Elles te brûlent la gorge. Ton corps se réchauffe doucement au fur et à mesure que l'alcool t'enivre. T'aimerais être constamment alcoolisée, tout semble plus simple quand on a bu un verre de trop. Le barman t'observe d'un air étrange. Tu prends l'air le plus sérieux du monde pour commander un verre de plus. C'est déjà le quatrième. Toi qui ne boit pas souvent, tu tiens plutôt bien. Tu t'étonnes. Il hésite puis te ressers. Tant que tu danses pas sur le bar en étant seins nus, ça devrait aller. Tu souris doucement. T'as l'impression d'être libre. Pourtant, t'as encore ton alliance. Pourtant, t'es encore mariée. Pourtant, t'as encore peur, t'as encore le cœur brisé. Tu te sens toujours oppressée. T'es toujours persuadée de mériter tout ce qui t'arrive. Mais là, c'est différent. Tu te fiches bien de ce qu'il pourrait t'arriver. T'as plus peur de penser ce que tu penses. T'as plus peur d'avouer que non, tu n'aimes plus ton mari. Tu n'as plus peur d'avouer que oui, tu aimes probablement les femmes. Sans doute plus que tu n'as jamais aimé les hommes. Tu n'en as plus honte. Tu sais que demain matin, ce sera différent mais tu ne t'en préoccupes pas. Tu veux oublier. T'es prête à tout pour ça. Alors tu bois quelques gorgées de courage. Juste encore un peu, de quoi te sentir délivrée. « Hey ! » Tu sursautes. Ton cœur s'arrête de battre. Tu viens probablement de frôler la crise cardiaque. Tu souris, un peu gênée, en apercevant Lemon. « Qu'est-ce que tu fais ici à boire toute seule ? » Tu te mords la lèvre inférieure. C'est vrai que d'un point de vue extérieur, t'as probablement l’air pitoyable. Tu observes ton verre puis Lemon. Tu passes pour une alcoolique. Enfin, si elle t'a vu descendre les quatre verres précédents... Tu préfères ne pas y penser. « Lemooon ! » Et pourquoi tu parles comme ça ? Tu te fais honte. Un grand sourire s'installe sur tes fines lèvres. T'es juste contente de la voir. « J'avais besoin de me détendre après le boulot. Un type est mort, c'était sanglant. » Si tu continues à sourire de cette façon, elle va sans doute te prendre pour une psychopathe. Mais c'est plus fort que toi. T'as presque l'impression d'être heureuse.
Come to me, just in a dream, Come on and Rescue Me
Shannon & Lemon
"Prends le temps de réfléchir, mais lorsque c'est le moment de passer à l'action, cesse de penser et vas-y" ✻✻✻ Je savais très bien qu’en pénétrant dans ce bar, je n’y resterais pas longtemps. Je me force d’être une femme normale de vingt-sept ans, de voir des gens. Mais je n’y arrive pas. J’ai cette impression, constante, que je n’ai pas le droit de vivre. Mes parents sont morts et je devrais être comme eux, morte. Pourtant je suis vivante mais je suis loin d’avoir la vie d’une vivante. Quand je ne travaille pas, je l’enferme dans mon appartement pour lire ou jouer du violon. Une vraie très « passionnante » en quelque sorte. Mais je veux que cela change. Je ne veux pas oublier mes parents et je ne les oublierai jamais. Mais je dois vivre. Depuis seize ans maintenant je vis la vie d’une autre, d’une personne, triste, réservée qui pense que sa vie n’a aucun sens. Je dois retrouver la vraie Lemon qui est caché au plus profond de moi. Celle qui, selon mes grands-parents, était toujours très souriante et pleine de vie quand elle était jeune. Ça prendra du temps, mais je n’ai rien à perdre que d’essayer. C’est cette raison qui m’avait poussée à entrer dans le bar.
Je pensais boire mon verre d’une traite et rentrer directement à la maison. Ce n’était pas grand-chose mais pour moi c’était un énorme effort et il ne faut pas trop m’en demander. Cependant, quand j’aperçu Shannon un peu plus loin, je me doutais déjà que mes plans allaient changer. Vu son état, je ne pouvais pas la laisser ainsi. J’appréciais cette demoiselle et il se trouvait qu’elle était de charmante compagnie. Je m’approchais donc de Shannon et la saluai. Je ne voulais pas lui faire peur mais elle semblait tellement dans son monde que je semblais la tirer de ses rêveries. « Lemooon ! » Déjà son accueil est loin d’être très ordinaire mais je passe, c’est loin d’être méchant, loin de là. Elle semble même ravie de me voir. « J'avais besoin de me détendre après le boulot. Un type est mort, c'était sanglant. » Elle m’annonce gentiment qu’un type est mort et elle semble en être heureuse. Un peu étrange comme situation. J’avais presqu’envie d’en rire. Mais je ne pouvais pas. Ce serait vraiment mal poli. « C’est triste mais des gens meurent tous les jours. » Je tentai de prendre un air neutre pour ne pas montrer que la mort est quelque chose qui m’effraie. « Et si tu commences à boire à chaque fois que quelqu’un quitte ce monde, je crois que tu ne dessaoulera plus jamais de ta vie. » Je décidai de m’asseoir à ses côtés. Je n’allais pas la laisser se saouler comme ça toute seule. Je suis beaucoup trop protectrice envers les gens. Véritable défaut.
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"Prends le temps de réfléchir, mais lorsque c'est le moment de passer à l'action, cesse de penser et vas-y" ✻✻✻ La journée avait été encore dure. Depuis que je suis revenue de mission et qu’on m’a installée au poste d’instructeur pour apprendre aux petits nouveaux à piloter, je dois avouer que les journées sont bien plus fatigantes qu’en temps normal. Le plus dure était de faire face à des jeunes qui pensent tout savoir alors qu’ils ne savent et qu’ils continueront d’apprendre encore longtemps. Je ne me rappelle pas avoir été aussi insupportable lorsque, moi-même, j’apprenais à gérer un avion de chasse. Je passe tellement inaperçue la plupart du temps, que mes instructeurs oubliaient souvent ma présence. Mais ce côté de ma personnalité ne m’avait pas empêché d’être dans les meilleurs et d’aujourd’hui de pouvoir partager mes connaissances avec de futurs pilotes. Quand la journée de travail arriva enfin à son terme, j’étais pressée de quitter les lieux. La nuit commençait déjà à tomber. Il faut dire qu’une fois tous les nouveaux partis, j’avais dû ranger une grande partie des salles occupées pendant toute la journée. Une fois le tout terminé, je repris la direction de mon appartement. 
Tu inspires profondément. C'est le verre de trop. Pourtant, tu le bois cul-sec. Tu veux oublier ta journée. Tu veux oublier ce mec que tu as vu mourir sous tes yeux. Tu veux oublier les regards insistants de Romane. Tu veux oublier à quel point tu la trouve incroyablement sexy. Tu veux oublier le baiser que t'as donné Freddie ce matin. Le dégoût qui t'as envahit. Tu as l'impression de suffoquer. Tu n'es plus toi-même. Tu deviens une personne différente et tu ne peux rien y faire. Tu évolues, comme tout le monde. Tu changes. Tu grandis. Tu deviens sans doute plus mature. Alors pourquoi la douleur ne s'en va-t-elle pas ? Un autre verre arrive. Tu l'observes un moment. Les minutes passent. T'as pas l'habitude de boire autant. T'es pourtant sage en temps normal. De toute façon, c'est pas comme si la mucoviscidose te laissait le choix. Tu prends tellement de cachets, parfois tu sais plus où donner de la tête. Alors boire, c'est peut-être pas conseillé. Mais qu'est-ce que ça peut te faire du bien. T'as presque l'impression de revivre. Comme si, pendant quelques minutes, on t'enlevait ce poids qui pèse sur tes épaules depuis des mois. Depuis l'agression. Un bruit sourd derrière toi. Tu sursautes. Tu finis par te retourner, inquiète. Juste des idiots éméchés qui ont fait tomber des verres. Voilà à quoi ressemble ton quotidien. La paranoïa te fait perdre la tête. T'as la tête sous l'eau et tu sais plus comment faire pour t'en sortir. Et peut-être qu'au fond, t'as pas vraiment envie de rejoindre la berge. Tu te confortes dans ta peine. Tu apprécies presque ta douleur. Le bonheur, c'est peut-être pas pour toi. Ton mariage bat de l'aile. Une collègue de travail te fait littéralement perdre la tête. Quand Freddie t'embrasses, tu imagines les lèvres de la jolie rousse. L'étincelle n'est plus là. Mais tu restes avec lui, peut-être parce que t'as été persuadé pendant dix longues années qu'il était l'amour de ta vie. Tu soupires longuement avant de te saisir de ton verre. Une gorgée. Deux gorgées. Elles te brûlent la gorge. Ton corps se réchauffe doucement au fur et à mesure que l'alcool t'enivre. T'aimerais être constamment alcoolisée, tout semble plus simple quand on a bu un verre de trop. Le barman t'observe d'un air étrange. Tu prends l'air le plus sérieux du monde pour commander un verre de plus. C'est déjà le quatrième. Toi qui ne boit pas souvent, tu tiens plutôt bien. Tu t'étonnes. Il hésite puis te ressers. Tant que tu danses pas sur le bar en étant seins nus, ça devrait aller. Tu souris doucement. T'as l'impression d'être libre. Pourtant, t'as encore ton alliance. Pourtant, t'es encore mariée. Pourtant, t'as encore peur, t'as encore le cœur brisé. Tu te sens toujours oppressée. T'es toujours persuadée de mériter tout ce qui t'arrive. Mais là, c'est différent. Tu te fiches bien de ce qu'il pourrait t'arriver. T'as plus peur de penser ce que tu penses. T'as plus peur d'avouer que non, tu n'aimes plus ton mari. Tu n'as plus peur d'avouer que oui, tu aimes probablement les femmes. Sans doute plus que tu n'as jamais aimé les hommes. Tu n'en as plus honte. Tu sais que demain matin, ce sera différent mais tu ne t'en préoccupes pas. Tu veux oublier. T'es prête à tout pour ça. Alors tu bois quelques gorgées de courage. Juste encore un peu, de quoi te sentir délivrée.